Du 10 au 21 juillet et du 21 au 31 août 2017

En partenariat avec West Pharmaceutical Services, au Nouvion-en-Thiérache

Dans le cadre de ses résidences sur les territoires de l’Avesnois et de l’Aisne, La chambre d’eau a proposé à la photographe Marie-Noëlle Boutin de poser un regard sur les habitant·e·s qui a pris la forme d’une série de portraits. Qu’est-ce qu’être habitant·e de ces régions, dans la multiplicité des vies, des engagements, des familles et des emplois. Ces endroits bien que très ruraux sont le berceau d’entreprises qui ont un rayonnement local, européen et international.

" L’entreprise est un endroit clos dans lequel les salariés se retrouvent pour travailler. On est collègues, on se côtoie durant le temps de travail, mais est-ce que l’on se connaît vraiment en dehors de la fonction que l’on exerce dans l’entreprise ? Est-ce que l’individualité transparaît au travers du poste que l’on occupe ?

A West Pharma, cette forme d’anonymat est renforcée par le costume de travail. Dans les ateliers, pour des raisons sanitaires, on se couvre d’un habit protecteur de la tête au pied. Difficile de distinguer un quelconque signe d’individualité en dehors de la taille ou de la carrure de chaque personne. Le costume de travail devient un masque derrière lequel on se cache et qui dissocie l’individu du salarié. La personnalité s’efface au profit d’un anonymat collectif.

Cette impression m’a fortement marquée lors de la visite que j’ai effectuée à West Pharma. Je souhaiterais mettre en image cette double identité : l’individu qui se cache derrière un costume de travail et la singularité de la personne sans ce masque.

Le costume de travail représente pour moi bien plus que la fonction même de la personne au sein de l’entreprise. Il symbolise de manière plus générale le rôle qu’endosse chaque salarié dans l’entreprise. Il est une parure qui fait exister socialement l’individu par le travail. L’uniformité du costume représente aussi plus globalement le monde clos et fermé de l’entreprise face à la diversité du monde extérieur.

Pour la résidence photographique, je souhaiterais donc réaliser des portraits de salariés en deux temps. Dans un premier temps, je souhaiterais installer un studio de photographie dans le restaurant de l’entreprise et demander aux salariés, sur la base du volontariat, de faire un portrait d’eux avec le costume de travail pour symboliser le monde de l’entreprise. Je demanderai aux salariés, quelque soit leur fonction, de revêtir le même uniforme de travail pour annihiler toute hiérarchie.

Ce temps de prise de vue dans l’entreprise me permettra de faire connaissance avec les salariés et de leur demander de les photographier en dehors de l’entreprise.

Ce second temps de prise de vue se fera donc en dehors de l’entreprise avec les personnes qui auront accepté de se faire photographier en studio avec le costume de travail. Il s’agira ici d’un portrait plus personnel où je demanderai aux personnes de me faire découvrir leur univers : leur famille, leur lieu de vie, un endroit qu’il ou elle affectionne, leurs loisirs, etc.

L’idée de ce travail est de porter un regard singulier sur la personne et de montrer la force de l’individu face à l’anonymat."

Marie-Noëlle Boutin