Nous accueillons la comédienne et metteuse en scène Nadia Ghadanfar pour son nouveau projet Mue à Landrecies.

Note d’intention Nadia Ghadanfar 

Née d’une mère allemande et d’un père syrien, mon enfance est traversée par l’allemand et l’arabe non seulement en langues, mais en paysages, instantanés, imaginaires collectifs et personnels. A un moment donné, la partie arabe a été coupée. L’exil m’habite comme une mémoire sans souvenir. Il est inscrit dans mon corps, inconsciemment. 

Tout comme l’exil, l’handicap a pris lentement possession de mon corps, sans bascule spectaculaire, sans « le jour après ». Au quotidien, je ne ressens la douleur ni de l’un, ni de l’autre, mais ils orchestrent ma présence physique et psychique. 

Née valide, le handicap s’est déclaré vers mes 23 ans. Atteinte d’une maladie neuro-dégénérative, ma démarche devient alors de plus en plus instable, ma motricité de moins en moins sûre. Déjà adulte, déjà comédienne, je me suis adaptée. Dès lors, je travaille beaucoup avec des danseurs et des circassiens, qui me considèrent comme une de leurs –avec un corps constamment en effort et exposé au risque, avec une conscience corporelle aiguë et qui est devenue un outil de travail. 

L’exil et mon déséquilibre physique - quoi de plus naturel que de les faire coïncider, de mettre l’un au service de l’autre, de chercher leurs interactions ? 

La création «Mue» nait à partir de ce constat. 

Le postulat de base et qui sert de point de départ pour la recherche artistique : 

L’exil est comme une impossibilité de se tenir sur ses deux pieds, il y en a toujours un qui se dérobe pour continuer de vivre au rythme du pays perdu. 


Conception : Nadia Ghadanfar 

Texte : Thomas Suel 

Conseil à la mise en scène/Regard extérieur : Martine Cendre 

Danseuse : Camille Blanc 

Jeu : Cédric Duhem Nadia Ghadanfar Thomas Suel 

Musique : Christian Pruvost 

Crédits Photo: Jean-François Le Maout